• Dans le noir

    Salut !

    Cet article est programmé pour être posté le 31 octobre à minuit pile, il s'agit donc... D'une histoire pour halloween ! (mais qui aurait pu deviner ??). Bref, la voici !

     


     

     

    Un jeune garçon était assis sur une chaise, dans une étroite cellule d’interrogatoire. Il avait le teint blafard, des cernes si marquées qu’elles paraissaient inhumaines, les yeux écarquillés et la lèvre tremblante. On aurait dit qu’il avait vécu la mort, qu’il revenait tout juste des enfers, n’ayant réussi qu’à conserver ce cadavre qui lui servait d’enveloppe corporelle. Toute pensée joyeuse semblait s’être évaporée de son être, cette étincelle que l’on pouvait percevoir dans les yeux des jeunes de son âge s’était définitivement éteinte.

    Il contemplait d’un regard vide le policier en face de lui. Celui-ci n’était pas vraiment à son aise, seul dans cette minuscule pièce avec un gamin si chétif qu’il voulait le protéger du monde, mais en même temps si effrayant qu’il osait à peine s’en approcher. Il toussota et, tentant de conserver son allure professionnelle, s’adressa au garçon avec une voix qui se voulait sévère mais qui trahissait une certaine pitié teintée d’une légère culpabilité à l’idée de le questionner dans cet état.

    « Donc… Monsieur Thomas Bernos, c’est bien ça ? »

    L’intéressé hocha lentement la tête. Le policier griffonna quelques mots sur son carnet de notes.

    « Je souhaiterais que vous me racontiez votre version des faits, en tant qu’unique témoin oculaire de cette affaire.

      - Bien, je vais vous raconter tout ce qu’il s’est passé. »

    Sa voix était faible, presque un murmure. Mais le silence qui régnait dans la pièce était tel qu’il était inutile de parler plus fort. Le dénommé Thomas cessant de parler durant un instant, rassemblant ses souvenirs de la manière la plus cohérente qu’il le pouvait. Il prit une grande inspiration, et entama son récit.

    « C’est d’abord Charlotte qui en a eu l’idée, pour fêter halloween. Et puis Luna a suivi, évidemment. Je n’avais pas vraiment envie de passer pour un froussard, alors j’y suis allé aussi.

      - Vous parlez bien de Mlles Charlotte Nysell et Luna Millot ? interrompit le policier.

      - Oui. Charlotte adore ce genre de choses. Elle avait trouvé une histoire étrange sur le collège, et elle voulait faire un de ses rituels bizarres pour invoquer les esprits ou je ne sais quoi. Elle nous avait invité, Luna et moi, parce qu’il lui fallait trois personnes.

    » Nous avions écarté les tables de la salle d’étude et elle s’était attelée au dessin d’une espèce de pentacle où je ne sais quoi, pendant que Luna et moi fermions les volets de fenêtres et allumions quelques bougies pour éclairer la pièce obscure. Puis nous nous étions assis autour de son croquis de craie, attendant la stupide légende qu’elle allait nous conter. Pour faire court, c’était l’histoire d’un élève tué dans cette même pièce qui cherchait à se venger en assassinant tous ceux qui croisaient son esprit errant encore dans le collège. Après quelques phrases d’invocations effrayantes, Charlotte avait soufflé doucement sur la dernière bougie qui était resté allumée. Nous étions plongés dans un noir complet, attendant un soi-disant fantôme, sans réelle crainte, bien qu’avec pour ma part une anxiété que je ne parvenais pas à expliquer.

    » Et puis d’un coup, un bruit sourd retentit. Luna hurla et agrippa mon bras, ce qui me fit à mon tour pousser un cri d’effroi. Charlotte, elle, ne réagit pas. Je rallumai une bougie pour éclairer la pièce, accusant celle-ci du regard. Je me disais qu’elle nous avait joué un tour et devait s’amuser de nous voir paniquer ainsi. Mais lorsque je posai mes yeux sur elle, elle me fixait, la lèvre tremblante, le visage pâle. Nous n’eûmes pas besoin de mots. Ni une, ni deux, je retournai allumer la lumière de la pièce. Rien n’avait changé. Rien qui n’aurait pu provoquer un tel bruit. Charlotte nous proposa de nous séparer. Elle partirait en direction de la salle des professeurs, où se trouvaient bon nombre de lourds casiers qui auraient pu tomber avec un tel fracas. Quant à Luna et moi, nous irions nous occuper des salles de classe renfermant de lourdes armoires.

    » Luna n’était pas très rassurée. Elle me parlait sans arrêt de laisser tomber, de rentrer chez nous. Je me moquais d’elle, la traitant de froussarde. Ah… »

    Thomas s’arrêta un instant, respirant de manière saccadée, avant de retrouver son calme. Le policier écrivait toujours, rapportant sur le carnet chaque parole et chaque geste du garçon. Celui-ci reprit, chuchotant presque, d’une voix lente :

    « Nous nous étions mis d’accord : pour aller plus vite, elle inspecterait les salles de gauche, et je regarderais celles de droite.

    » Quand j’eu terminé mon côté, je m’aperçus que je n’avais pas entendu Luna depuis un moment déjà. Je l’appelai, mais elle ne répondait plus. Je me précipitai dans les salles de cours où elle devait se trouver. Au bout de deux… Non, trois salles, je l’entendis crier mon nom. Je m’empressai de la rejoindre, et… Je… »

    Sa voix se brisa.

    « Il y avait Luna, à genoux dans une mare de sang !

    - Etait-ce son sang ?

    - Non, heureusement. Elle n’avait aucune blessure. Mais elle ne pipait plus un mot depuis qu’elle m’avait appelé. Elle se contentait de fixer le sol, comme si elle ne remarquait pas ma présence. En m’approchant d’elle, je voyais qu’elle regardait un squelette de corps humain, chose normale dans une salle d’SVT. Mais rien de cela n’expliquait tout ce sang. C’est à ce moment-là que je réalisai qu’il se passait vraiment quelque chose de louche. Je m’agenouillais à côté de Luna. Elle murmurait entre deux sanglots mon nom, Thomas. Mais elle serrait dans ses bras le squelette, marmonnant des mots incompréhensibles. Je m’approchais d’elle, serrant sa main, en lui disant que j’étais là, qu’elle n’avait pas besoin de pleurer.

    » Là, elle me repoussa avec vigueur. Elle hurlait que c’était impossible, qu’elle délirait, que j’étais mort, là, devant ses yeux, que je ne pouvais pas lui parler. Je ne comprenais plus rien. Après, elle se remise à m’ignorer, pleurant le squelette en murmurant mon nom.

    » Je décidai de retrouver Charlotte afin de lui exposer le problème. Elle s’y connaissait en maléfices et autres choses de cet ordre-là, et j’avais depuis un moment abandonné l’idée que tout ceci soit parfaitement rationnel. Sauf que… Quand j’arrivai à l’entrée de la salle des professeurs, Charlotte me lança que la chute des casiers avait bien provoqué le bruit de tout à l’heure. Et là, je posai mes yeux sur les fameux casiers… Et… Je… Ah… »

    Il se prit la tête entre les mains, tremblant de tout son être. Le policier lui tendit un verre d’eau, que le gamin but à grandes gorgées. Il garda quelques secondes les mains sur ses joues, se calmant peu à peu.

    « A partir de là, continua-t-il, tout ce que je vais vous raconter n’a aucun sens. Il y avait sous les lourds casiers le corps inerte de Charlotte. Je cherchai la provenance de la voix que je venais d’entendre, mais il n’y avait qu’elle, là-dessous, inanimée. Je tâtai son pouls sans grand espoir, avant qu’un tas de questions m’assaille. Comment pouvait-elle être coincée là alors qu’elle était encore avec nous lorsqu’il y avait eu le bruit ? La voix m’avait-elle mentit ? Mais alors, pourquoi n’avais-je pas entendu les casiers tomber ? D’ailleurs, cette voix était-elle une illusion ? »

    Thomas semblait s’être perdu dans ses questionnements. Son interrogateur se le coupa de ses pensées.

    « Qu’avez-vous fait, après cela ?

    - J’ai appelé la police… Et je me suis recroquevillé dans un coin de la pièce. »

    L’homme nota quelques mots avant de poser son carnet. Il observa un instant le garçon avec une pitié mêlée de dégout. Mais il reprit immédiatement un visage neutre. Il déclara d’un ton professionnel :

    « Ecoutez… Vous feriez mieux de me dire ce qui s’est réellement passé. Vous êtes le principal suspect de cette affaire. Pour être franc, il est en réalité certain que vous êtes coupable. De plus, il y a de nombreuses incohérences dans votre récit. Nous avons retrouvé Mlle Luna Millot morte dans une salle de classe, avec, agenouillée à ses côtés, un squelette qui paraissait pleurer sa mort. Vos empreintes étaient les seules présentes sur la victime ainsi que sur le squelette. Elles l’étaient également sur le corps de Mlle Charlotte Nysell ainsi que sur les casiers renversés. »

    Il fit une pause devant le regard sidéré de Thomas, puis reprit :

    « Cependant, d’après votre témoignage, il semblerait que vous ne soyez pas conscient de vos actions. Il est plus que probable que vous soyez interné au terme de votre procès.

    - Mais… protesta le garçon. C’est cet esprit… C’est ce qu’a invoqué Charlotte… Il a…

    - Je suis désolé, coupa le policier, mais cet entretien est terminé. Nous vous gardons en détention jusqu’à  votre jugement. »

    Sur ce, il sortit de la pièce, alors qu’il semblait à Thomas entendre le rire vengeur d’un fantôme résonner au loin.

     


     

     

    Voilà voilà !

    Est-ce que ça vous a plu ? Dîtes-moi ce que vous en pensez !

    (ouais, c'est pas un chat, mais... il fallait que je la mette x) ceux qui la reconnaîtront gagneront... mon respect le plus profond)


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 14:12

    Brrr! Histoire que je qualifierai de... terrifiante!! Super bien écrit, ça file la chair de poule!

    2
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 14:41

    Merci beaucoup ^-^

    3
    Samedi 1er Novembre 2014 à 17:50

    On est vraiment emportés par ton récit :) Très intéressant.

    4
    Dimanche 2 Novembre 2014 à 11:47

    Merci !

    5
    Dimanche 2 Novembre 2014 à 21:09

    Oh punaise ! J'adoreee ton style d'écriture O.O

    Sinon, histoire très bien écrite,  et bien terrifiante 8D. Je pourrais la raconter à mon con de prof de sport, comme ça, il va flipper :3

    Bonne continuation !

    6
    Lundi 3 Novembre 2014 à 19:23

    Merci ^^ Ouais, embêtons tous nos profs de sport, ils l'ont mérité ;)

    7
    Lundi 3 Novembre 2014 à 19:26

    ^^/

    Oui !

    8
    Mardi 4 Novembre 2014 à 16:23

    Tous contre les profs de sport ! Ouaiis !

    C'est assez terrible, comme histoire, parce qu'au final on ne peut être certain que la version de Thomas soit la bonne... Du coup ça la rend encore plus inquiétante et effrayante !
    C'est très bien écrit, et tu as réussi à installer une ambiance... d'Halloween !

    A bientôt :)

    9
    Mardi 4 Novembre 2014 à 17:10

    En fait, ce n'est pas très compliqué ^^ j'ai employé les codes de la nouvelle fantastique (où la fin doit laisser un doute dans l'esprit du lecteur), mais arrangé façon histoire horrifique pour Halloween.

    Merci !

    10
    Mardi 4 Novembre 2014 à 17:14

    Toujours est-il que ça marche très bien :D

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    11
    Samedi 20 Décembre 2014 à 16:55

    C'est vraiment terrifiant! Et très bien écrit, j'ai adorée.^^

    Je ne l'ai pas lu à Halloween mais bon mieux vaut tard que jamais. x)

    12
    Vendredi 26 Décembre 2014 à 15:13

    Eh bien merci ^^

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